o-delà-du-miroir

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la pensée


Dans les milieux de l’occultisme, on n’apprecie guere ce genre de plaisanterie qui tend a` discrediter la validite´ des experiences traditionnelles. En revanche, on utilise volontiers la cre´dibilite´ scientifique des rayons X pour le´gitimer d’anciennes pratiques. Le don de clairvoyance, c’est-a`-dire la possibilite´ de voir a` travers les corps opaques, trouve ainsi, dans la de´couverte du professeur Ro¨ntgen, une explication toute rationnelle. La ce´le`bre demoiselle Pedegasche qui, au XVIIIe sie`cle, pouvait distinguer ce qui e´tait cache´ dans les entrailles de la terre [7], cet individu que le mathe´maticien Huygens avait observe´ dans les prisons d’Anvers et qui e´tait capable de voir a` travers les habits, pourvu qu’ils ne fussent pas rouges [8], le jeune garc¸on du Massachusetts qui de´signait a` travers la chair l’emplacement des fractures [9], l’hyste´rique du Dr Pe´te´tin qui voyait l’inte´rieur d’une lettre ferme´e en apposant simplement sa main sur l'enveloppe [10]... et tant d’autres cas sont ainsi elucides. Le don de clairvoyance n’est qu’une hypersensibilite´ de la retine a` un rayonnement semblable a` celui de´couvert par Rontgen. « Les voyants possedent
une espece de tube de Crookes, tres developpé, en connexion avec leur sens visuel, de telle sorte que les objets cachés à des yeux ordinaires sont exposés par
la lumière astrale aux rayons cathodiques générés par ces médiums ; les images se photographient sur leur cerveau [11]», écrit un chroniqueur de La Revue spirite en 1897.
Il y aurait donc, affirme Jules Bois, des « regards X », capables, comme les rayons X, de traverser les corps opaques [1

 

Pour Darget, « la pensée est une force rayonnante, créatrice, presque matérielle. [...] Lorsque l’âme humaine émet une pensée, elle fait vibrer le cerveau, elle fait radier
le phosphore qui y est contenu ; et les rayons sont projetés à l’exterieur [15] ». A` la difference de Baraduc, qui ne produit de cette maniere que de vagues tourbillons
informes, des taches et des nuées [16], Darget obtient des formes distinctes et parfois meme figuratives. Ainsi, lorsqu’il dispose le radiographe portatif sur le front
de Monsieur H., qui s’applique à déchiffrer au piano une partition de Beethoven, c’est le portrait de ce dernier qu’il obtient sur la plaque.

 

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On doit en dire autant des artistes peintres, dont le pouvoir visualisateur peut parvenir au point de remplacer le modèle vivant. Brierre de Boismont, dans son ouvrage
sur « Les Hallucinations » (pp. 26 et 451), rapporte le fait suivant :
« Un artiste peintre qui avait hérité en grande partie de la clientèle du célèbre portraitiste Sir Josué Reynolds, et qui se regardait comme étant supérieur à ce dernier,
recevait tant de commandes, qu'il me déclara avoir peint dans le courant d'une seule année trois cents portraits, grands et petits. Une telle production paraîtrait
normalement impossible ; mais le secret de sa rapidité de travail, et du succès extraordinaire de son art, consistait dans cette circonstance : il n'exigeait qu'une unique
séance de pose pour chaque modèle. Wigan rapporte :
« Je l'ai vu moi-même exécuter sous mes yeux, en moins de huit heures, le portrait en miniature d'un monsieur de ma connaissance, et je puis assurer que le portrait
était soigneusement fait, et d'une ressemblance parfaite. Je lui demandai des renseignements sur sa méthode ; il me répondit : « Lorsqu'on me présente un
nouveau modèle, je le regarde avec beaucoup d'attention pendant une demi-heure, en fixant, de temps en temps, un détail de ses traits sur la toile.
Une demi-heure me suffit, et je n'ai pas besoin d'autres séances de pose ; je mets la toile de côté et je passe à un autre modèle.
Quand je veux continuer à peindre le premier portrait, je pense à l'homme que j'ai vu ; avec l'imagination je l’assoies sur le tabouret,
sur lequel je l'aperçois nettement, comme s'il s'y trouvait réellement ; j’en distingue même la forme et la couleur d'une manière plus nette
et plus vivace que si elle y était personnellement. Alors je regarde, de temps à autre, la figure imaginaire, je la fixe à mon aise sur la toile, et lorsque c'est nécessaire,
je suspens le travail pour observer soigneusement le modèle dans la pose qu'il a prise. Et chaque fois que je tourne le regard vers le tabouret, j'y vois immanquablement
mon homme. »


Je résume ici un passage du livre : Thought-forms d'Annie Besant et G.-W. Leadbeater, en le comparant ensuite à un autre passage tiré des déclarations d'un sensitif clairvoyant.
Voici donc ce qu'écrivent les auteurs de Thought-forms :
« Toute pensée crée une série de vibrations dans la substance du « corps mental », vibrations correspondant à la nature de la pensée, qui se combinent avec un jeu merveilleux
de couleurs, comme il arrive aux gouttelettes qui se dégagent d'une cascade quand elles sont traversées par un rayon de soleil ; avec cette différence que la gamme des
couleurs est infiniment plus vivace et plus délicate. Le « corps mental », grâce à l'impulsion de la pensée, projette à l'extérieur une fraction de lui-même, qui prend une forme
en rapport avec son intensité vibratoire, de même que la poudre de lycopode, placée sur un disque vibrant à l'unisson avec les notes musicales, se dispose en des figures
géométriques, toujours les mêmes par rapport aux notes qui se font entendre. Or cet état vibratoire de la fraction extériorisée du « corps mental » à l'effet d'attirer
à elle, dans le milieu éthérique de la substance sublimée analogue à la sienne. C'est ainsi que se produit une « forme-pensée », qui est de quelque manière une entité
animée par une activité intense qui pivote sur la pensée génératrice... Si cette pensée concerne une aspiration personnelle de l'individu qui l'a formulée —
ainsi qu'il arrive pour la plupart des pensées — elle voltige alors autour de son créateur, toujours prête à réagir sur lui, en bien ou en mal, chaque fois
qu'il se trouve en des conditions passives...
Les formes que prend la pensée sont étrangement symboliques ; quelques-unes représentent graphiquement les sentiments dont elles tirent leur origine.
L'avarice, l'ambition, l'avidité produisent des formes-pensée crochues, comme si elles se disposaient à saisir l'objet désiré. La pensée qui considère un problème à résoudre,
produit une émission de filaments en spirale ; les sentiments tournés vers une autre personne, qu'ils soient de rancune ou d'affection, donnent lieu à des formes-pensée
analogues aux projectiles. La colère ressemble au zigzag rougeâtre de la foudre ; la peur provoque des jets d'une substance grisâtre, semblables aux éclaboussures de boue. »

Les « formes-pensées » qui apparurent à Turvey, bien que curieuses et intéressantes à cause des circonstances spéciales dans lesquelles elles se manifestèrent,
sont en réalité absolument identiques à toutes les « formes-pensées » perçues par les voyants. Seulement, ainsi que je l'ai dit, elles présentent le trait caractéristique assez
rare d'avoir persisté quelque temps dans le milieu où elles avaient été engendrées. Cela dépend de l'intensité avec laquelle une idée a été pensée d'où l'observation que, d'habitude
, les « formes-pensées » qui persistent longtemps se rapportent à des situations émotionnelles, tragiquement intenses chez l'agent procréateur. Il est donc assez probable
que certaines apparitions de fantômes inertes et sans vie dans les lieux hantés ne sont pas autre chose que des « formes-pensées » engendrées dans la mentalité de
celui qui est mort tragiquement dans cet endroit. Il est à remarquer que dans les recueils de communications médiumniques — depuis Allan Kardec jusqu'à William Stainton
Moses — on rencontre des messages de personnalités spirituelles dans lesquels on fait allusion à la possibilité de l'existence de fantômes hanteurs qui sont de pures formes
de la pensée ; possibilité qui, en certains cas, est aussi confirmée a posteriori par la contre-épreuve de l'identification personnelle de la « forme-pensée » perçue. Il en est ainsi,
par exemple, dans le cas suivant, que j'extrais de l'ouvrage de Myers sur la Conscience Subliminale (Proceedings of the S. P. R. ; vol. IX, p. 79). En cette circonstance, le médium
était Miss A., une jeune fille très instruite et très distinguée, parfaitement au courant des méthodes de recherches scientifiques qui permettent de se défendre des suggestions
inconscientes. Invitée par la comtesse de Radnor dans sa résidence de Longford, elle obtint, au cours d'une expérience médiumnique par l'écriture automatique, le message
suivant, provenant de la personnalité médiumnique Estelle, qui se manifestait habituellement par son entremise :
— Tu me demandes ce que j'aperçois dans ce milieu. Voici : je vois beaucoup d' « ombres » et quelques esprits ; je vois aussi un certain nombre de « choses réfléchies ».
Sais-tu me dire si un petit enfant est décédé dans la chambre au-dessus ? Et s'il est mort presque soudainement ?
— Pourquoi me le demandes-tu ?
— Parce que j'aperçois constamment l'ombre d'un bébé dans la chambre à côté de la tienne.
— Une « ombre » seulement ?
— Oui, uniquement une ombre.
— Qu'entends-tu dire ?
— Une ombre se forme lorsque quelqu'un songe d'une façon intense et continuelle à une personne ; avec cela, on grave l'ombre et le souvenir de la pensée dans l'air ambiant.
C'est une forme objective qu'il crée ; je suis donc portée à croire que les prétendus « fantômes » des assassinés, ou de ceux qui sont morts subitement, sont plus
souvent des « ombres » ou des « images » que des « esprits confinés ». C'est la conséquence de la pensée de l'assassin qui, obsédé par l'idée du crime qu'il a accompli,
projette extérieurement l'ombre ou l'image de l'assassiné. Ce serait d'ailleurs bien triste que des âmes, après avoir souffert en leur vivant sans que ce fût de leur faute,
dussent encore souffrir après leur mort sous la forme d' « esprits confinés ». N'oublie cependant pas que les « esprits confinés » existent réellement, et qu'ils sont nombreux. »
La comtesse de Radnor remarque à ce sujet :
Relativement à la communication ci-dessus, je confirme que mon frère est mort, tout petit encore, par suite de convulsions, et qu'il est mort dans la chambre dans
laquelle la forme du bébé a été vue. Je ne saurais vraiment pas imaginer comment Miss A. aurait pu le savoir, et surtout connaître la chambre où l'enfant était mort.
La déclaration de la comtesse de Radnor montre que, dans le cas ci-dessus, on rencontre une preuve d'identification personnelle qui confirme les affirmations de la
personnalité médiumnique. Ceci montre le bien-fondé de la thèse que nous soutenons, concernant la réalité objective des « formes-pensées » et la possibilité qu'elles
persistent plus ou moins longtemps dans le milieu où elles ont été engendrées, en donnant lieu à un groupe spécial de fantômes hauteurs.
II est aussi remarquable que dans le livre récent de H. D. Bradley : Towards the Stars, on trouve des déclarations identiques provenant de personnalités médiumniques
communiquant par l'entremise des célèbres médiums, Mrs Osborn Léonard et Mrs Travers-Smith.
Ainsi, par exemple, la personnalité médiumnique de « Johannes » (médium Mrs Léonard) observe à cet égard :
« II me faut d'abord l'expliquer en quoi consistent les fantômes dont il s'agit : ce sont les fantômes de votre cerveau. Ils ne sont pas des esprits, et ils ne sont pas matière.
Ils consistent en un élément d'activité intellectuelle qui a laissé derrière elle son empreinte ; ceux qui possèdent des facultés psychiques très évoluées peuvent seuls
apercevoir ces formes-pensées... Tu demandes pourquoi certains fantômes hanteurs se produisent en certains milieux, et non pas en d'autres où il serait plus
logique de les trouver. La raison de ce fait consiste dans la vitalité intense que doit posséder l'idée génératrice. Une prison, un asile d'aliénés sont bien les derniers
milieux susceptibles de devenir hantés, parce que l'espoir et l'activité vitale ont déserté ces lieux. Il est donc beaucoup plus probable que le fantôme d'un assassin hante
la localité où il a tué la victime, qu'il ne se manifeste où il a été tué lui-même par la justice humaine » (p. 272).
Et « Astor », l' « esprit guide » de Mrs Travers-Smith, remarque à son tour :
« Les fantômes (c'est-à-dire les formes-pensées) apparaissent parfois spontanément ; ceci à cause d'émotions terribles, jointes à la terreur, qui leur procurent les éléments nécessaires pour s'extérioriser,
En ces conditions, on comprend parfaitement pourquoi la Tour de Londres n'est pas hantée. C'était une prison, paraît-il ; c'est-à-dire que c'était un endroit où la mentalité des prisonniers devenait obtuse à
cause de la triste monotonie de leur destinée, dépourvue de tout sentiment émotionnel ou passionnel ; en d'autres mots, un état de désespoir résigné. Et le désespoir n'est pas un élément favorable à la
formation des fantômes. »
Avant de passer à un autre sujet, je vais rapporter encore un épisode, dont l'interprétation est plutôt embarrassante.
Mr Joseph Briggs a publié le compte rendu d'une séance qui a eu lieu chez lui avec le fameux médium à « voix directe » et à « matérialisations », Mrs Everitt, une riche dame qui servait de médium par amour
de la cause. Je néglige la description des manifestations obtenues et je passe à l'incident qui nous intéresse. Le rapporteur écrit :
« Un incident remarquable est venu se greffer aux manifestations ; l'un des assistants, doué de clairvoyance — M. Aron Wilkinson — s'étant écrié tout à coup : « Un perroquet est sur mon épaule ; il bat
rapidement des ailes. Maintenant il s'est envolé sur Mrs Everitt (qui était assise de l'autre côté de la table). Mrs Everilt s'écria à son tour en percevoir le contact. Wilkinson continua : « A présent le perroquet
chante le God Save the Queen (l'hymne royal). Il recommence à battre des ailes ; il s'élève dans l'air, il disparaît... »
Cet incident était incompréhensible pour tout le monde, hormis pour Mrs Everitt. Celle-ci expliqua que, depuis quelques mois, elle s'était chargée de garder un perroquet, qui s'était attaché extraordinairement
à elle, et que la veille elle avait reçu de chez elle une lettre dans laquelle on l'informait que le perroquet apprenait rapidement à chanter : « God Save the Queen. » Tous les assistants ignoraient le fait.
II faut remarquer que Mrs Everitt habite dans une province éloignée. Cet incident est unique dans mon expérience » (Light, 1903, p. 492).
Aucun doute que l'épisode en question s'explique par un phénomène d'objectivation de la pensée subconsciente de Mrs Everitt. La circonstance que la dame en question avait reçu la veille une lettre de chez elle dans
laquelle on l'informait que le perroquet avait appris à chanter l'hymne auquel le clairvoyant Wilkinson avait fait allusion, ne sert qu'à le démontrer ultérieurement. Toutefois, la description qu'en fit le voyant, combinée avec
l'affirmation du médium d'en avoir perçu le contact, tendrait à prouver que l'on était en présence d'une matérialisation de l'image d'un perroquet, et non pas de la simple objectivation d'une « forme fluidique de la pensée
» ; ce qui est d'autant plus vraisemblable si l'on songe que Mme Everitt possédait de très remarquables facultés de matérialisation. S'il en était ainsi, l'épisode appartiendrait à la catégorie des phénomènes d'idéoplastie,
dont nous parlerons plus loin. S'il s'agissait réellement de la matérialisation d'une image subconsciente, on devrait toutefois noter une circonstance plutôt exceptionnelle ; c'est que les matérialisations de la pensée, à
quelques rares exceptions près, sont constamment « plastiques », c'est-à-dire « inanimées », tandis que dans l'épisode relaté plus haut, le perroquet matérialisé aurait volé par-ci par-là dans la chambre, comme un être
vivant. Néanmoins, on pourrait soutenir que ce fait aussi peut être explicable par l'action de la volonté subconsciente du médium, qui aurait agi à distance sur sa propre création ectoplasmique, en déterminant ses mouvements.
Je termine cette seconde section de ce travail, en remarquant que, jusqu'ici, il n'a été question que des modalités d'«objectivation de la pensée», qui n'étaient pas susceptibles d'une démonstration expérimentale
proprement dite. Mais à présent nos recherches se rapporteront à deux catégories de faits, grâce auxquelles on atteint la preuve expérimentale scientifique de l'existence incontestable d'une projection objectivée
des « formes-pensées » observées par les voyants. On constatera en même temps l'existence probable d'une projection objectivée de la pensée aussi dans la circonstance des hallucinations provoquées par
la suggestion hypnotique, ainsi que dans le cas des hallucinations spontanées, ou volontaires, chez les artistes et, en général, dans les hallucinations pathologiques proprement dites.


****

Le Pr Flournoy remarque à son tour :
« Les souvenirs latents du médium, ou les jeux de son imagination, se matérialisent littéralement au dehors, et deviennent visibles et photographiables,
en modelant à leur image la mystérieuse substance sécrétée par son organisme. C'est d'ailleurs l'explication fournie par Eva, elle-même au cours de ses transes :
« le médium, dans son somnambulisme, prétend que la substance matérielle palpable n'est qu'un déchet, et que le principal, c'est une force invisible, qui se dégage de lui
en même temps que la substance et la façonne comme un sculpteur pétrit sa glaise ». Une sorte de démiurge, quoi, qui crée les objets en imprimant
directement dans la matière amorphe les idées qui lui passent par la tête ou les rêves de sou imagination ! » (Annales des Sciences Psychiques, 1914, p. 149).


Et en se rapportant aux expériences du Dr Ochorowicz, il remarque :
« Il me semble que nous saisissons à son origine le processus évolutif de la condensation de l'éther. Il est même curieux de constater que les petites nébuleuses idéoplastiques dont il s'agit se présentent
elles aussi sous une forme tantôt sphéroïdale, tantôt aplatie elliptiquement. Certaine même, examinée à la loupe, se décomposait en une spirale prolongée en dehors de la boule centrale et formait quatre
tours de plus en plus faibles, sorte de serpent roulé sur lui-même et dont la tête, une tâche plus claire, constituait le noyau. C'est là exactement la description de certaines nébuleuses célestes du type de
celles des « Chiens de chasse », la forme spirale étant une des plus répandues et cette forme semble correspondre à un certain stade de l'évolution de la masse nébuleuse. »
L'auteur synthétise dans les termes suivants les résultats de son analyse comparée :
« Comme on l'a vu, les transformations de la matière des nébuleuses médiumniques et celles des nébuleuses célestes présentent un certain nombre d'analogies frappantes. On peut les résumer ainsi :
1° Elles sont formées des mêmes éléments (ou du même élément, l'éther), en vertu de la théorie de l'unité de la matière ;
2° Elles se forment les unes et les autres dans l'obscurité ;
3° Elles possèdent une luminosité d'origine probablement électrique et émettent des rayons ultra violets ;
4° Dans les unes comme dans les autres, l'évolution se fait par rotation des éléments constitutifs, formations sphéroïdales, etc. ;
5° Enfin les unes comme les autres aboutissent par condensation progressive à la formation de corps solides.
Mais si nous admettons que la cause originelle des nébuleuses médiumniques est la volonté du médium, et qu'elles sont constituées par des matériaux empruntés à leur propre organisme, il faudrait maintenant
, pour continuer le parallélisme, hasarder les deux propositions suivantes ;
6° Les nébuleuses astronomiques sont également des idéoplasties créées par la Volonté d'un être conscient, infiniment plus puissant que l'humble médium générateur des matérialisations ;
7° Cet Etre constitue aussi de sa propre substance les nébuleuses génératrices des mondes. Ces hypothèses sont-elles absurdes ? »
Certes, nous touchons ici aux propositions les plus ardues de la métapsychique, à des questions qui ne seront peut-être jamais résolues, bien que, depuis qu'il y a des êtres pensants sur la terre maintes et mainte
s théories aient été émises à leur sujet. Or je ne puis m'empêcher d'être frappé en constatant que parmi tant de systèmes, il y en a un, et précisément le plus ancien, rejeté et repris successivement au cours des âges,
qui s'adapte exactement aux hypothèses auxquelles nous sommes parvenus.
Je veux parler de la vieille doctrine panthéiste que nous trouvons à l'origine de l'histoire de la philosophie, de cette vieille doctrine des Védas d'après laquelle la force unique appelée Brahma par les Hindous est la seule
cause de l'Univers, qui n'est qu'un produit de l’idéation divine, cette force unique devenant toutes choses sans cesser d'ailleurs d'être elle-même.
En suivant la filiation de ces idées depuis ces temps lointains jusqu'à l'époque moderne, nous les retrouvons notamment chez les Stoïciens qui divinisaient la nature ; chez Plotin, Jamblique et Proclus déclarant que Dieu
est tout, que tout est Dieu, et que les êtres ne sont que des émanations de la divinité : chez Saint Paul lui-même proclamant « qu'en Dieu nous vivons, nous nous mouvons et nous sommes ».
Plus tard, c'est Giordano Bruno qui professa le panthéisme le plus résolu, le plus enthousiaste et le plus religieux ; c'est Spinoza surtout, ce profond penseur que l'on nous représente affranchi de toute ambition matérielle,
inaccessible à toute séduction, partageant ses heures entre l'étude et le travail manuel, vivant avec 4 sous par jour en polissant des verres de lunettes astronomiques. Spinoza nous a donné la plus vigoureuse expression
du panthéisme. Dieu, a-t-il dit, est la seule substance, renfermant en elle toute existence ; il est la cause immanente de tout ce qui est. Des attributs infinis de Dieu nous ne connaissons que la pensée et l'étendue, le monde
est l'ensemble des modes de ces deux attributs. Le corps provient de l'attribut étendu, l'âme de l'attribut pensée. L'âme est une pensée de Dieu ; elle lui est identique en substance...
Enfin, plus récemment encore, les monistes ont exposé également l'idée grandiose d'une cause unique, à la fois force et matière dont tout procède. Seulement, pour eux, l'esprit, l'intelligence n'est que le produit de la matière
, produit qui a évolué au fur et à mesure qu'évoluaient les formes matérielles. L'âme, disent-ils, n'est qu'un complexus de fonctions cérébrales, la cause unique et inintelligente.
Nous avons vu que l'on pouvait arriver à une conclusion opposée.
Ainsi donc la grande idée philosophique du panthéisme, partagée par d'illustres penseurs de tous les temps, paraît pouvoir s'appuyer sur cette comparaison de la genèse des mondes et des matérialisations, des effets analogues
devant avoir des causes identiques.
L'application de ce dernier axiome scientifique aux conclusions auxquelles était parvenu M. Paul Le Cour, en se fondant sur les analogies existant entre les nébuleuses médianimiques et les nébuleuses astronomiques, semblera
beaucoup plus légitime et plus efficace si l'on tient compte cumulativement de ses recherches et des nôtres relativement au grand fait, que la pensée et la volonté sont des forces plasticisantes et organisatrices
dans toutes leurs manifestations. Il ressort en effet de cela que nous sommes parvenus, chacun de son côté, à des conclusions identiques, grâce à l'analyse comparée des différents phénomènes ; ce qui constitue
une confirmation réciproque des conclusions dont il s'agit.

Le concept panthéiste-spiritualiste de l'univers amène nécessairement à en formuler un autre complémentaire, que j'ai soutenu déjà dans un autre de mes travaux :
c'est la conception de « l'Ether-Dieu ». Ne voulant pas me répéter, je rapporte à ce sujet une belle page du Rév. John Page Hopp, qui écrit :
« Les conclusions auxquelles la Science est parvenue sont les suivantes : qu'il y a dans l'univers un laboratoire universellement diffus, dont les Formes et la Vie tirent leur
origine ; c'est dans lui et de lui que se propage chaque mouvement (qui est la cause des Formes et de la Vie). A défaut d'un terme plus exact — dont nous aurions besoin —
cette substance omniprésente et apparemment omnisciente est connue sous le nom d'éther. Et cet éther, qui remplit l'espace infini, et qui n'est plus de la matière dans la
signification ordinaire du mot, puisqu'il n'est pas atomique, n'oppose pas de résistance à la translation des astres, et n'est pas sujet à la loi de la gravitation. Il est la substance
qui pénètre toutes les choses existantes, bien qu'elle soit en elle-même si subtile, qu'elle échappe à toute analyse. En outre, lorsqu'on examine la matière dans sa constitution
primitive et l'on parvient à l'atome, on constate que celui-ci, en dernière analyse, se dissipe à son tour dans l'éther. Bref : ce n'est que grâce à cet Océan Spirituel infini
(comment le dénommer autrement ?), que la matière existe ; ce n'est qu'en vertu de cette mystérieuse Essence que les Formes et le Mouvement se manifestent.
Or il ne peut y avoir de meilleures considérations que celles que nous venons d'exposer pour nous aider à concevoir une idée rudimentaire de la Divinité, en qualité d'Essence Suprême omnisciente, omniprésente
, toute puissante, créatrice de l'univers, dans laquelle nous vivons, nous existons, nous agissons, dans la plus stricte signification du mot ; dont tout provient, où tout rentre...

 

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27/05/2015
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